« Ça s’est passé comme ça! » : La course à la présidence d’Hillary Clinton, maintenant en français
Par Valérie Beaudoin
Publié le 19 septembre 2017
Thématiques: Livre
What happened? Qu’est-ce qui s’est passé? C’est la question qui était sur toutes les lèvres au lendemain de la cuisante (et surprenante, il faut le dire) défaite d’Hillary Clinton au profit de Donald Trump le 8 novembre dernier. La principale intéressée tente d’y répondre dans une brique de plus de 400 pages où elle ne cache pas sa grande déception de ne pas avoir été LA première femme présidente des États-Unis et n’hésite pas à pointer du doigt ceux qui ont contribué à son malheur.
Toujours amère de sa défaite, c’est ce sentiment qui habite presque chaque page du livre. On y découvre une Hillary sans la retenue à laquelle elle nous avait habitués. Elle confie avoir passé à travers cette épreuve grâce à ses proches, de nombreuses sessions de yoga, des lectures inspirantes, et plusieurs bouteilles de Chardonnay!
Par moment elle nous donne envie de crier avec elle sa rage et dans d’autres passages il est presque impossible de ne pas avoir les yeux vitreux, particulièrement quand elle parle de sa fille et ses petits-enfants, mais aussi des mères de victimes de la trop grande accessibilité aux armes à feu aux États-Unis. Elle permet aussi au lecteur de vivre les hauts et les bas d’une campagne politique en décrivant comment elle s’était préparée à accéder au poste le plus prestigieux de la planète.Nasty women
« You are a nasty woman », l’insulte est devenue cri de ralliement au lendemain de l’élection à la marche des femmes qui a mobilisé des milliers de personnes à travers les États-Unis et la planète. L’ancienne première dame a salué le mouvement qui était un pied de nez au nouveau président élu. Mais tout en se disant touchée et fière, on ressent sa frustration de ne pas avoir vu ce mouvement avant le vote. Parce qu’il faut le dire, la candidate n’a pas eu l’appui de la majorité des femmes blanches américaines et cette pilule est très difficile à avaler.
Un moment fort du livre tourne autour de la vingtaine de femmes qu’elle a rencontrées après sa défaite et qui lui ont confié regretter ne pas être allé voter. La plupart d’entre elles espéraient un pardon de sa part, mais elle a refusé de leur donner cette satisfaction. Elles ont plutôt eu droit à un sourire forcé qui dénotait tout son découragement.Sisterhood
Un chapitre entier et pivot de son livre tourne autour du sexisme et du traitement différent qu’on les femmes en politique, even if it’s 2017. Elle revient sur les commentaires misogynes du président américain durant toute la campagne présidentielle et le fait qu’elle n’arrive toujours pas à croire qu’un individu ayant de tels propos grossiers puisse accéder à la Maison-Blanche. Elle y rappelle les commentaires qu’il a faits sur l’apparence des femmes qu’il n’a pas hésité à critiquer et sur le fameux enregistrement où on entend le « grab them » qu’il est inutile de répéter dans son entièreté.
Elle croit aussi qu’il est encore bien difficile de changer les mentalités du pays, car les gens sont habitués que les hommes dirigent. Lorsqu’on imagine une femme leader, on dit souvent qu’elle a soif de pouvoir et si elle est trop ambitieuse, qu’elle n’est pas authentique. À l’opposé, une femme sensible se fera dire qu’elle est trop émotive pour pouvoir diriger un pays fermement.
Pression vous dites…!Même si elle dresse un portrait sombre du traitement des femmes dans la sphère politique, elle se défend de vouloir décourager ces dernières à s’impliquer. Comme première femme nommée à la tête d’un des deux plus importants partis politiques, elle peut se féliciter d’avoir pavé la voie à d’autres.
Elle n’a peut-être pas réussi à briser le fameux plafond de verre comme elle le désirait tant, mais disons qu’il est tellement fissuré, qu’il sera bien moins difficile de le faire éclater en mille morceaux…la prochaine fois.Ça s’adresse à qui?
Très certainement pour les curieux de la politique américaine, ceux qui désirent comprendre comment se déroule une campagne électorale de cette envergure, mais aussi pour toutes celles qui veulent savoir comment on se sent quand on est passé aussi près de l’histoire.
La version française, « Ça s'est passé comme ça », sera disponible le 20 septembre.