6 questions à la chanteuse Nana Mouskouri
Par Laurence Provencher
Publié le 4 avril 2018
Catherine Beauchamp s'est entretenue avec la grande chanteuse Nana Mouskouri, de passage à Montréal pour la promotion de son plus récent album, Forever Young — le 134e de sa carrière!
Bonjour Nana! Vous vous étiez retirée de la scène il y a quelques années, et vous avez décidé de revenir sur le marché de la chanson. Vous vous ennuyiez?
Nana Mouskouri : Quand j'étais jeune, j'aimais beaucoup [la chanteuse et comédienne] Marlene Dietrich. On parlait de Greta Garbo qui avait quitté le métier, Marlene aussi disait qu'il fallait se retirer, alors je me suis dit, sagement : « Il faut que je fasse comme ça, moi aussi. » Quand j'ai eu 70 ans, je me suis demandé ce que j'étais en train de faire, j'avais peur d'être trop vieille. Mais une fois que j'ai arrêté de chanter, j'ai été plongée dans une tristesse épouvantable. En plus de ne plus chanter, je refusais d'écouter de la musique. J'ai perdu le sourire.
Au bout de deux ans, c'était trop triste. J'avais arrêté en 2008, et en 2011, j'ai trouvé une excuse : les 50 ans de mon premier succès international, Les roses blanches de Corfou. Mon ami Jean-Paul Gaultier m'a fait une belle robe, je suis allée à Berlin, là où le succès de cette chanson avait commencé, et j'ai donné un grand spectacle. On me demandait pourquoi je ne continuais pas. J'avais honte, puisque j'avais dit que j'arrêtais. Finalement, malgré ma honte, j'ai recommencé à chanter. Par la suite, j'ai fêté mes 80 ans avec le Happy Birthday Tour. Et c'est seulement maintenant que j'ai décidé de faire un nouveau disque, 10 ans après ma « retraite ».
Pourquoi chanter du Amy Winehouse sur ce nouvel album?
Nana Mouskouri : Parce que quand j'ai arrêté, je voulais laisser la place aux jeunes. À partir d'un certain moment, ce sont les jeunes qui font avancer la musique. J'ai adoré Amy Winehouse et j'étais triste de son départ. Une autre que j'aime beaucoup, c'est Whitney Houston. Les chansons de Winehouse me touchaient beaucoup pour leur côté jazz. Amy Winehouse me faisait penser à Billie Holiday et à ces grandes chanteuses d'avant.
On m'a dit que vous aimiez aussi Beyoncé?
Nana Mouskouri : Oui! J'aime Beyoncé, j'aime aussi Rihanna. Ces jeunes chanteuses ont un autre style, je les admire, mais je ne peux pas chanter de la même manière qu'elles. Et j'aime beaucoup ne pas dépasser certaines limites. Je crois qu'il y a toujours des limites dans la vie. On a peut-être le coeur jeune, mais on n'est pas jeune et on ne doit pas se ridiculiser. Par exemple, si jamais c'était une opportunité de chanter avec elles, je le ferais, mais à ma manière.
Vous savez que vos lunettes, c'est votre marque de commerce?
Oui! Aujourd'hui, je suis à la mode. Je suis très heureuse de voir des jeunes filles comme vous avec de telles lunettes, parce qu'à l'époque où je commençais ma carrière, c'était la catastrophe! Tout le monde disait : « Oh, quelle horreur ses lunettes! »Dans les années 50 et 60, les lunettes étaient un drame, mais je voulais les garder. Dans la vie, il faut faire certaines concessions pour le travail, mais il faut aussi rester soi-même. Et je voulais être la même personne, en ville comme sur scène. Les lunettes m'ont aidée à rester fidèle.
De quoi êtes-vous le plus fière dans votre carrière?
Je suis très fière d'avoir travaillé avec des gens extraordinaires, d'avoir fait des rencontres extraordinaires. Je suis aussi très fière d'avoir deux enfants adorables. Être mère, c'est merveilleux, c'est le plus important.
Est-ce que c'était difficile d'être mère et chanteuse?
C'était difficile. J'essayais de le faire le mieux possible. Évidemment, la perfection n'existe pas. Il faut savoir accepter les problèmes et les résoudre. Parce que la vie n'est pas facile, mais ça vaut la peine de la vivre.
Crédit photo de couverture : SpreeTom (Own work) [CC BY-SA 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons