Rencontre avec Tatiana Maslany et Miranda Richardson du film Stronger, un film a comme toile de fond, l'attentat du Marathon de Boston.
Par Catherine Beauchamp
Publié le 21 septembre 2017
Thématiques: Cinéma
Stronger est le film qui raconte les épreuves de Jeff Bauman, un homme qui s’est trouvé au cœur de l’explosion lors de l’attentat de Boston, en 2013, dans lequel il a perdu l’usage de ses deux jambes.
Les actrices Tatiana Maslany et Miranda Richardson jouent respectivement l’ex petite-amie et la mère de Jeff Bauman aux côtés de Jake Gyllenhall qui en tient le rôle principal.
Le Tapis Rose a pu rencontrer les deux femmes en rencontre de presse, lors de leur passage au Festival du film de Toronto (TIFF).
Q : Bonjour à vous deux. Le travail sur le plateau du film Stronger semble considérable, on dirait qu’il avait beaucoup d’improvisation sur le plateau. Tout semble si naturel, si vrai...
Tatiana Maslany : David (Le réalisateur David Gordon Green) a encouragé l’improvisation, il nous envoyait des lignes constamment à chacun de nous sur le plateau.
Miranda Richardson : J’étais complètement fascinée par la créativité de David et c’est intéressant de voir tout ce qu’on a tourné et ce qu’il reste à la toute fin. C’est bon !
Q: Vous jouez toutes les deux respectivement, la petite amie (Erin Hurley) et la mère (Patty Bauman) de Jeff Bauman. Quelle est la pression de jouer des gens qui ont vraiment existé et qui sont encore vivants ?
TM : J’ai rencontré Erin pour discuter d’un paquet de petits détails comme la perception qu’elle avait des évènements qui entouraient l’accident et l’handicape de Jeff. J’ai senti son énergie, sa force. Cependant, j’ai l’impression qu’on doit toujours s’approprier les rôles qu’on nous offre pour les rendre plus personnel. À chaque étape du tournage, je me demandais ce que j’aurais fait avec ce genre de situation, comment j’aurais réagi, quels seraient mes doutes.
MR : C’est certain que le scénario nous demande d’interpréter des situations qui ont été écrites avec les meilleures intentions. J’ai rencontré Patty très tard dans le processus et j’ai compris que la famille avait mis toute sa confiance en nous. Ils n’avaient pas lu le scénario, ils n’ont pas posé aucune question. Il était important pour moi que nous les représentions bien. C’est une responsabilité! Vous ne pouvez pas savoir la réaction qu’ils auront en voyant le film, mais ce qui est important c’est que tout a été fait avec bon cœur.Q: Comment ont-ils réagit en voyant le film ?
MR : Ils étaient avec David… on nous a dit qu’ils avaient beaucoup pleuré…
J’ai demandé si Patty semblait déçue de l’interprétation du personnage parce qu’il y a plusieurs scènes qui ne l’avantagent pas. Et David m’a dit que le seul aspect qui semblait l’inquiéter était qu’elle fumait beaucoup dans la salle d’attente de l’hôpital. (Rire). Et je la comprends, elle était stressée, elle ne voulait pas sortir de cet hôpital et manquer un seul détail de la vie de son fils qui a passé à deux poils de mourir.TM : Oui l’hôpital est devenu une deuxième maison pour cette famille. Ils y ont passé tellement de temps.
Q: Tatiana, le film débute pendant le marathon de Boston, juste avant l’explosion. Il y a donc plusieurs scènes de courses. Est-ce que tu courrais avant de faire ce film?
TM : Je me suis mise à courir aussitôt qu’on m’a appris que j’avais le rôle et je tournais un autre film à cet époque alors je me levais très tôt pour aller m’entrainer avant ma journée de travail. Évidemment, je ne suis pas capable de courir les mêmes distances qu’Erin, mais tous les aspects psychologiques et physiques de la course m’ont donné beaucoup d’information sur elle.
Par exemple, nous avons filmé des scènes pendant le vrai marathon de Boston et Erin a décidé de courir le plein marathon uniquement le vendredi précédent la course (qui lui, se déroulait le dimanche). Habituellement les gens prennent ce genre de décision un an d’avance et s’entrainent pour y arriver. Pas elle. J’ai réalisé à quel point elle était forte. Et savez-vous quoi? Elle ne suait même pas à la fin et elle n’avait aucune courbature le lendemain. C’est incroyable !
À chaque fois que je cours maintenant, je pense à elle. Nous aurons toujours un petit quelque chose qui nous lie toutes les deux.
Q: Quelle a été la scène la plus difficile à tourner, sur le plan physique ?
TM : Il y en a beaucoup avec Jake (Gyllenhaal). Il fallait rendre tout ce qui entourait les prothèses crédible. La technologie est rendue si bien développée. En regardant le film, j’ai vraiment essayé de voir les trucages des effets spéciaux parce que j’étais sur le plateau et je savais où étaient placées les vraies jambes de Jake, mais il est impossible de voir la tromperie. Jake joue aussi avec son poids d'une façon incroyable. Ça marche vraiment bien.
Q: Vous avez toutes les deux des rôles féminins très bien écrits. Comment voyez-vous la situation dans l’industrie du cinéma? Est-ce que ça s’améliore, selon vous?
MR : Hum c’est difficile de répondre à cette question. C’est polarisé, vous pouvez trouver de très bons rôles maintenant autant pour les hommes que pour les femmes. Je ne crois pas que ce soit à propos du genre et du sexe de l’acteur. Il y a eu une époque où on ne pouvait pas croire qu’une femme pouvait porter un premier rôle sur ses épaules. Et je ne crois pas que c’est le cas maintenant. J’ai eu beaucoup de plaisir dans les cinq dernières années à jouer des personnages formidables surtout à la télévision.
TM : Je sens que maintenant c’est devenu « horriblement fashion » de parler de la place des femmes au cinéma. C’est le nouvel aspect qu’Hollywood essaye de mettre de l’avant. J’ai très hâte à la journée où on n’en parlera plus que ce sera juste normal.
MR : C’est un peu comme en politique, Theresa May est devenue Première ministre et personne n’en a fait un plat. C’est comme ça que les évènements se présentent et doivent évoluer et c’est bien ainsi. Cependant, au cinéma ça semble être un peut plus vieux jeu. C’est un peu plus long de faire changer les comportements.
TM : Je sens que c’est une phase où on essaye énormément de pointer les rôles qui sont centrés sur des femmes. Ça devient un peu facile et un peu par défaut. Pourtant on devrait parler du film d’une façon beaucoup plus simple… en racontant l’histoire. Le sexe n’aurait rien à avoir là dedans.
Stronger prend l’affiche le 22 septembre en anglais uniquement.